Une histoire comme si
Deux histoires, Deux femmes.
C’est la rencontre amoureuse de Céline qui donne naissance à ce travail photographique intitulé « Une histoire comme si… ». Frédérick Carnet ne cherche pas à suggérer la violence d’un amour impossible, mais à exprimer un état de plénitude. La photographie apparaît ici véritablement comme un théâtre d’investigation, et ses photographies concrétisent une recherche, un idéal. L’amour se confond en images. Déjà Frédérick Carnet manipule les apparences ; il fait poser Céline. Il s’invente une histoire qui n’existe pas ; il crée des moments de vie d’une extrême douceur, et pour y parvenir, passe par une forte esthétisation du réel. Charnelles et quasiment tactiles, ses images idéalisent un amour. Elles nous plongent dans un lyrisme moderne loin des modes de représentations actuelles ou la violence et la crudité des situations sont plutôt de mise.
La déchirure avec cette première femme n’empêchera pas pour autant Frédérick Carnet de poursuivre ce travail. L’urgence de la représentation ne le quitte pas. Il décide en effet de mettre en scène une femme qu’il ne connaît pas, rencontrée simplement par annonce. Il est alors obligé d’inventer une vraie fausse histoire d’amour. Il parvient pour cette seconde série d’images à conjuguer absence d’amour et situations intimes, et ce, toujours de manière unique et spontanée. La vraisemblance de cette nouvelle rencontre importe peu, car c’est plutôt la continuité esthétique des moments vécus et parfois inventés, qui est à privilégier dans ce travail.Qui est Céline ? Qui est Sarah, A-t-on finalement besoin d’identifier ces femmes ; car libre au spectateur d’imaginer sa propre histoire.
Frédérick Carnet sème le doute. Il extrait de l’intime des situations improbables et d’autres tout droit inspirées du réel. « Une histoire comme si… » laisse place au jeu de l’imaginaire et d’un ailleurs. Les présences quasi fantomatiques de ces femmes génèrent au final un seul et même récit.
Entre fiction et réalité, le spectateur est plongé dans une apparente douceur. Sa photographie figure un univers sentimental et fragile. La présence de paysage apparaît comme le prolongement sensible des êtres représentés.
Frédérick Carnet crée des moments d’équilibre entre des forces à priori antagonistes : l’humain et le paysage. Aucune contradiction entre ces deux pôles n’est visible, c’est plutôt le désir qui s’insinue ; celui de rendre visible l’identité d’un amour fictif. Ses images mentales, totalement imaginées, sont-elles la promesse d’une histoire collective.
Emmanuelle Fructus
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